Journée d'étude "La trace", Chatellerault

Dès que possible, merci d’indiquer si vous êtes intéressés pour participer à l’ensemble de la proposition (7 décembre, 5 et 6 janvier à la Fanzinothèque, 21 janvier à Chatellerault). La première étape, la plus urgente, est de constituer le groupe. Il est important que celui-ci comporte au moins quelques étudiants autonomes en sérigraphie et/ou en design graphique.

Bonjour,

Je suis très intéressée par ce projet avec la Fanzinothèque. Le thème de “la trace” est une notion que je travaille régulièrement dans mes projets artistiques, du coup, ça m’intrigue grandement.

L’expérience du beau
« La seule absence du but ne me la donnerait pas, ni sa présence. Mais la trace de son absence (de rien), en tant qu’elle forme son trait dans la totalité sous l’espèce du sans, du sans-fin, la trace du sans qui ne se donne à aucune perception dont l’invisibilité marque pourtant une totalité pleine à laquelle elle n’appartient pas et qui n’en a que faire en tant que totalité, la trace du sans est l’origine de la beauté. »
Jacques Derrida, La vérité en peinture, Flammarion Champs, p. 103.

James Chaigneaux nous propose d’exposer pendant le Sodavi le 6 avril à Thouars et au Château d’Oiron. A bien réfléchir, j’ai peur que ce soit un peu proche de notre retour du grand voyage… qu’en pensez-vous ?… à moins que nous ne fassions deux groupes ?

Nicholas Negroponte présenta aux généraux de l'armée américaine cinq têtes parlantes* groupées autour d'une table : une tête appartenait à une personne réelle tandis que les autres étaient quatre masques montés sur cardans (haut-bas et droite-gauche) sur lesquels étaient projetées les vidéos des personnes absentes. Cinq sites secrets identiques devaient être répartis sur le territoire américain pour accueillir des téléconférences avec le président,le ministre des Affaires Etrangères, le chef des Armées, le speaker de la Chambres des Délégués et un expert invité. Souvenez-vous, Pline appelait images ces effigies en terre des parents disparus, ceux qui n'étaient plus là mais présidaient encore à la destinée du foyer. De même les Talking Heads se recouvraient de cette ombre de la mort - c'était d'ailleurs une affaire de guerre, n'est-ce-pas ? - qui marque un mode « ça-a-été » sans atteindre la présence pleine ou le souvenir suscité par la terre cuite ou la photographie, dans ce ton blafard du vidéogramme que l'on projette (il faut voir les travaux de Bill Viola). L'âme que la machine empruntait aux mouvements des personnes vivantes mais distantes se superposait à la présence revenante des images en hochant, en dodelinant, en vacillant, en capitulant de la tête. Cette chose comme un spectre qui s'emparait de leurs chefs troubla tant la conversation des généraux qu'ils abandonnèrent le projet. Toutefois, nos conversations usuelles abondent de ces fantômes qui sont les traces de ce qui a été là. La parole est une succession de pressions qui s'exercent sur le milieu acoustique entre l'émetteur et le récepteur du message sonore. Un microphone transforme ces pressions acoustiques en modulations électriques presque immatérielles, en anges donc. Pourtant il faut bien qu'un haut-parleur redonne l'empreinte sonore à fin d'une réception sensible. Il y a dans une conversation par téléphone d'un côté celui qui parle et l'empreinte de sa parole**, et de l'autre côté le fantôme de cette empreinte. Ainsi celui qui parle ici a délégué une partie de lui-même (sans le corps de chair) à ce fantôme là-bas qui agit à sa place, tel son représentant, l'espèce de son double, une sorte d'avatar.
  • Nicholas NEGROPONTE, Talking heads, projet de recherche du Medialab, M.I.T. pour l’A.R.P.A. (Advanced Research Project Agency, dépendance du Ministère de la Défense Américaine), installation de télé-conférence. Michael Naimark participa à cette étude. Lire : Nicholas NEGROPONTE, L’homme numérique, Laffont, 1995, p. 154-155.
    ** Dans les anciens combinés des Postes, Télégrammes et Téléphones, le microphone modifiait le courant électrique parce que sa résistance variait suivant la disposition des grains de charbons qu’il contenait et qui se déplaçaient sous la pression du son comme le sable d’une plage noire sous les pas du promeneur.

Comment fait-on pour modifier une mise en page involontaire ?

m’est avis qu’on recommence, autrement…

Nicholas Negroponte présenta aux généraux de l’armée américaine cinq têtes parlantes (1) groupées autour d’une table : une tête appartenait à une personne réelle tandis que les autres étaient quatre masques montés sur cardans (haut-bas et droite-gauche) sur lesquels étaient projetées les vidéos des personnes absentes. Cinq sites secrets identiques devaient être répartis sur le territoire américain pour accueillir des téléconférences avec le président,le ministre des Affaires Etrangères, le chef des Armées, le speaker de la Chambres des Délégués et un expert invité. Souvenez-vous, Pline appelait images ces effigies en terre des parents disparus, ceux qui n’étaient plus là mais présidaient encore à la destinée du foyer. De même les Talking Heads se recouvraient de cette ombre de la mort - c’était d’ailleurs une affaire de guerre, n’est-ce-pas ? - qui marque un mode « ça-a-été » sans atteindre la présence pleine ou le souvenir suscité par la terre cuite ou la photographie, dans ce ton blafard du vidéogramme que l’on projette (il faut voir les travaux de Bill Viola). L’âme que la machine empruntait aux mouvements des personnes vivantes mais distantes se superposait à la présence revenante des images en hochant, en dodelinant, en vacillant, en capitulant de la tête. Cette chose comme un spectre qui s’emparait de leurs chefs troubla tant la conversation des généraux qu’ils abandonnèrent le projet. Toutefois, nos conversations usuelles abondent de ces fantômes qui sont les traces de ce qui a été là. La parole est une succession de pressions qui s’exercent sur le milieu acoustique entre l’émetteur et le récepteur du message sonore. Un microphone transforme ces pressions acoustiques en modulations électriques presque immatérielles, en anges donc. Pourtant il faut bien qu’un haut-parleur redonne l’empreinte sonore à fin d’une réception sensible. Il y a dans une conversation par téléphone d’un côté celui qui parle et l’empreinte de sa parole (2), et de l’autre côté le fantôme de cette empreinte. Ainsi celui qui parle ici a délégué une partie de lui-même (sans le corps de chair) à ce fantôme là-bas qui agit à sa place, tel son représentant, l’espèce de son double, une sorte d’avatar.

Notes :
(1) Nicholas NEGROPONTE, Talking heads, projet de recherche du Medialab, M.I.T. pour l’A.R.P.A. (Advanced Research Project Agency, dépendance du Ministère de la Défense Américaine), installation de télé-conférence. Michael Naimark participa à cette étude. Lire : Nicholas NEGROPONTE, L’homme numérique, Laffont, 1995, p. 154-155.
(2) Dans les anciens combinés des Postes, Télégrammes et Téléphones, le microphone modifiait le courant électrique parce que sa résistance variait suivant la disposition des grains de charbons qu’il contenait et qui se déplaçaient sous la pression du son comme le sable d’une plage noire sous les pas du promeneur.