L'ARC La mémoire et ses pertes

Bonjour à toutes et à tous,

l’ARC La mémoire et ses pertes est une nouvelle proposition d’atelier de recherche et création explorant les mémoires automatiques et naturelles, les archives collectives et personnelles, dans la façon que l’on a de les constituer, de les explorer, et de comprendre leurs modifications et dégradations.

L’ARC s’articule autour de trois moments dans l’année :

  • un workshop Mémoire Urbaine à Angoulême en collaboration avec l’ENJMIN, du 17 octobre au 21 octobre, avec l’intervention de Samuel Bianchini, qui consistera en la conception avec les étudiants de l’ENJMIN pendant les 5 jours d’un projet de proposition ludique et artistique qui sera expérimenté quelques semaines plus tard dans la ville d’Angoulême, le centre des préoccupations étant les mémoires de la ville et de ses habitants.

  • un workshop In bus with Masaki à Poitiers avec Masaki Fujihata, le samedi 8 octobre et la semaine du 28 novembre au 2 décembre, où l’on explorera les mémoires de la ville de Poitiers dans un workshop intégralement en bus et à pied. Nicolas Prouteau, archéologue, nous rejoindra également pour apporter un point de vue scientifique à l’expérience artistique qui sera créée ensemble, et ouverte au public en bus à la fin du workshop (les pièces mises en place par les étudiants pourront autant êtres des pièces numériques sur téléphone mobile que des performances, de l’affichisme, de la projection vidéo ou des dispositifs connectés…)

  • une journée d’étude et un workshop pratique au deuxième semestre conclueront le travail de recherche de l’ARC autour des questions contemporaines de mémoire.

L’ARC est ouvert aux étudiants des deux sites de DNA3, DNSEP4 et DNSEP5 et est suivi par Hervé JOLLY et Frédéric CURIEN du SLIDERS_Lab, avec le concours d’Aurélien BAMBAGIONI pour le workshop conjoint avec l’ENJMIN.

La thématique de la mémoire et de ses pertes s’impose aujourd’hui par son actualité. Avec l’allongement de la durée de la vie se pose, en effet, la question de l’intégrité des cerveaux garante de l’identité des individus. Que la maladie s’installe, qu’elle s’appelle Alzheimer, Creutzfeldt-Jacob ou encore Parkinson, et c’est le récit individuel qui se délite, la relation aux autres qui s’arrête, le lien familial et social qui se coupe. Nous sommes sans aucun doute la première société à être confrontées à ces pertes de mémoire massives et donc à se poser la question de leur conservation. Munis de leurs mobiles, les Français mitraillent à tout-va. Ainsi, tout s’enregistre, doublement même, car ce qu’il s’agit de repousser le plus loin de nous, c’est bien l’idée du krach que représente à l’échelle 1, celle de l’individu, la perte des mémoires mortes, c’est-à-dire l’effacement du continuum des données numériques personnelles. Comme le dit si bien Virilio, avec la voiture ne s’est pas seulement inventé une poétique du voyage, son développement avait pour corollaire obligé l’accident. Souvenons-nous aussi de ce beau récit de Jorge Luis Borges, « Funes ou la mémoire » dans Fictions, où l’auteur invente un héros incapable d’oublier, incapable de ne rien faire d’autre que de mettre en mémoire le monde, prisonnier de ses souvenirs en quelque sorte, et à qui il aurait fallu justement un accident seul capable de lui rendre sa liberté de création. On peut également prendre en considération comment William Gibson, dans Johnny Mnemonic (1981) et Neuromancer (1984), a intégré la notion de mémoire duelle organique/informatique comme point central des nouveaux univers fantastiques. Et si l’on se tourne vers la science-fiction contemporaine, on se rend compte combien les problématiques d’extension, de fragmentation, de partage et de perte de ces mémoires duelles sont importantes, que ce soit chez Greg Egan avec Permutation City (1994) ou Zendegi (2010), Vernor Vinge avec Un feu sur l’abîme (1992), Ken Liu avec La ménagerie de papier (2015) ou L’homme qui mit fin à l’histoire (2011), ou encore Charles Stross avec Accelerando (2005).

Ces quelques réflexions dessinent déjà une carte avec sa géologie et ses étapes obligées : l’Histoire, l’individu, les couches d’information, le stockage, le silicium, les navigateurs, l’amnésie, la neurologie, le handicap, les monuments, les architectures, les bases de données, le souvenir, la madeleine, le titane, les histoires…
Sur la question des pertes de mémoire, les chercheurs et les étudiants réunis autour du SLIDERS_lab bénéficieront des apports des programmes de recherche transdisciplinaires. La mémoire et ses pertes est donc une question qui sera abordée artistiquement, mais aussi scientifiquement.

Johnny Mnemonic

2 « J'aime »